où tu seras, je serais.

La fin de mes vacances d'été se marquait par le soleil qui s'évanouissait un peu plus chaque jour et je me préparais à affronter l'arrivée dans une nouvelle ville. Mon père était un homme d'affaire réputé, et sa réussite professionnelle lui valait des mutations régulières dans des états différents du monde, chaque année, mais il m'avait promis que ce serait différent cette fois. Il ne comptait pas repartir et me laisser m'épanouir sans me brusquer, tout ce dont j'avais besoin. Mes parents s'étaient séparés lorsque j'avais quinze ans, et ça ne m'avait guère déstabiliser. Je n'entretenais pas une relation fusionnelle avec ma mère, mais c'était le cas avec mon père et depuis des années maintenant, il faisait office de "mère". Nous partagions beaucoup, et il a su m'éduquer avec brio. Personne ne pouvait remettre en question l'éducation que l'on m'avait inculqué depuis ma naissance.

Aujourd'hui était un grand jour, mon travail allait payé, et je rentrais dans la FAC la plus prestigieuse de la Californie. L'astre solaire m'accompagnait dans mon élan et c'est avec un mince sourire que je faisais mon entrée dans l'établissement. Les regards ne se posaient pas sur moi, et aucun ragots ne circulaient à la vue de mon arrivée. Un soulagement m'envahissait déjà. Je n'étais pas vraiment en mesure de supporter les mesquineries pour ce premier jour. Mettre à l'amende dès le début était mal vu, c'était bien connu. Nerveusement, je mêlai ma main droite libre à ma chevelure d'une blondeur si douce qu'elle en devenait naturelle, et m'installai sur les marches d'un escaliers métalliques non loin de là, silencieuse. Je posai au sol, mon sac customisé en bandoulière, et finis par balayer du regard les étudiants qui discutaient tous entre eux. Je pouvais déjà distingué la plupart des bandes, et leur mode de vie, par leur tenue plus ou moins excentriques. Mes pupilles restaient bien sûr en arrêt sur les beaux garçons déjà tous casés, mais je n'y voyais pas d'inconvénients, par conséquent, j'en concluais que je ne faisais rien de mal. Lorsqu'un garçon en particulier attira mon attention, sans que je ne puisse m'y attendre, sa chevelure cuivré en bataille lui offrait un charme indéniable, et je me sentais dans l'incapacité de baisser les yeux avant qu'une jeune brune me ramène sur Terre, en me tapotant sur l'épaule.

Mon petit ami est pas à vendre, lache le du regard.

Je ne répondis pas à cette parole, sencée être déstabilisante, et portai mon attention sur une toute autre personne, dont je ne connaissais pas l'identité non plus. La jeune brune, satisfaite, s'approcha de son petit ami, et enlaça le bras de son petit ami, posant par la suite sa tête sur son épaule. Un léger sourire s'étira le long de mes lèvres sans que je ne sache pourquoi et je sortais mon I-Phone, afin de me divertir. Mon regard croisa celui du jeune homme et, confiante, je lui rendis son sourire. La sonnerie annonçant le début des cours retentit dans l'établissement, et d'un pas léger, je quittai les escaliers métalliques pour les méandres de la FAC. Les couloirs blindés, les bousculades, ça faisait longtemps que je n'avais pas été dans de telles conditions mais bizarrement, elles me permettaient de m'intégrer à ce milieu que je n'avais plus cotoyé durant de longues années, privilégiant les cours par correspondance. Auparavant, j'avais scruté les listes établis sous un large préau sur lesquelles étaient répartis les élèves par classe. Bien sûr, aucun prénom ne m'était familier, mais je n'allais pas me morfondre, j'étais une jeune fille aimable et assez ouverte pour pouvoir me faire le peu de connaissances. Je m'installai sur une chaise au fond de la classe, au côté de la fenêtre et posai mon sac sur le côté, un sourire constant sur mes lèvres pleines. La classe se remplissait peu à peu, et j'analysais les nouvelles têtes, en décelant par les traits de visage de chacun, leur caractère. C'était un jugement aveugle, mais il me permettait au moin de savoir vers qui me diriger si j'éprouve une envie soudaine d'entamer une quelconque conversation. Contre toute attente, le jeune homme qui avait retenu mon attention dans la cours, et qui m'avait valu une mince menace pénétra dans la salle, seul. Il adressa quelques sourires à la plupart des élèves et vint se poser à la place à mes côtés, comme ci cette table et la chaise qui l'accompagnait lui était attitré. Je sortis ma trousse et débutai un dessin, qui sortait tout droit de mon passé. Un lac, et mon père qui pêche. J'étais dotée d'un don pour le dessin incroyable, et j'adorais dessiner lorsque j'avais du temps à dépenser. Le professeur principal n'avait d'ailleurs toujours pas fait acte de présence, et j'en profitais pleinement pour me divertir. Les conversations fusaient sous le regard amusé de mon voisin qui entama la conversation avec une jeune fille se prénommant Orséis, magnifique prénom d'après les minces paroles que j'étais en capacité de percevoir à travers ce brouhaha. Le professeur finit par pénétrer dans la classe et des sifflements surplombèrent la pièce d'un état de frénésie féminine, tandis que les garçons soupiraient sagement dans leur coin. Ce professeur paraissait vraiment jeune, et je devais admettre que son charme était indéniable. D'un simple geste manuelle il ramena le calme dans la classe et s'asseya sur son bureau, scrutant la classe. Mon voisin de classe ne valait plus cet homme.

La présentation orale du professeur m'arracha un mince sourire avant que mon voisin, du nom d'Aden, n'aille se présenter à son tour, en ouvrant les hostilités. Le regard posé sur les specimens plus ou moins différents de la classe, je sursautai discrètement lorsque mon prénom fut prononcé, et me levai calmement de ma chaise, atteignant le devant de la classe, au côté du professeur. Je lui jetai un léger regard avant de débuter ma présentation. Banale. Je ne comptais pas m'éterniser sur des détails sans importance, juste préciser la durée depuis laquelle je me passione pour l'art dramatique et donner mon âge. Rien de trop extravagant, simple, comme je l'étais.

Zacharias Caleeghan, dix-neuf ans, passionnée de théâtre et de dessin depuis dix ans.

Ma présentation était loin d'être magistrale mais elle suffisait amplement. J'esquissai un mince sourire avant de reprendre place sur ma chaise. Je sentis quelques regards sur ma personne mais n'en tenais guère compte, me focalisant sur le soleil Californien qui rayonnait de toute sa splendeur, tout en me remémorant la réaction des étudiants lorsque je me suis levée à l'appel de mon prénom. Zacharias était principalement un prénom masculin, et ils s'étaient attendus à voir déambuler un beau mâle hormonal. Ils avaient du être décu, mais j'avais l'habitude.

Il fallait croire que ce professeur m'avait placé dans son collimateur, car il m'appella une seconde fois à me poster devant la classe. A vrai dire, j'avais la tête dans les nuages, et ma priorité n'était pas celle d'écouter les paroles de Mr. Winster, avec tout le respect que je lui devais. Je pris place et attendis patiemment que l'on m'explique le but de cette intervention. Le regard que s'échangèrent Aden et le professeur me firent pressentir un mauvais présage, mais il fut démenti lorsque le jeune homme précisa le rôle que je me devais d'interprêter. J'aimais me surpasser et démontrer aux gens que j'étais capable de beaucoup. Le sourire que m'adressa Mr. Winster me mit d'autant plus en confiance et, silencieuse, je m'imprégnais peu à peu de mon personnage. J'ouvrais tous les boutons de ma chemise, laissant dévoiler mon soutien gorge, recouvrant ma poitrine, et me permettais de sortir une cigarette de mon paquet de Marlboro, afin de faire un peu plus ressortir l'image de la prostituée par excellence. Je m'asseyai sur la table, portai la cigarette à la commissure de mes lèvres, les yeux dans le vide. Volontairement, j'avais croisé les jambes, et balançais doucement une de mes jambes en plongeant mes pupilles vides dans celle du professeur.

Triste réalité. Ils existent plusieurs moyens de s'en sortir dans cette vie agitée, mais nous n'avons pas tous les capacités de pouvoir les employer. Faire le trottoir, ou le tapin, comme vous vous vantez tous de le dire, n'a rien de vulgaire, ce n'est pas bien vu non plus, mais considéré qu'il offre de quoi manger, et un minimum d'affection à l'individu perdu et sans repairs. Moi, Abaigail, 21 ans, suis fière de représenter cette catégorie de femmes qui, pour survivre, se prête au plaisir du sexe.

J'allumais la cigarette, et en tirais une bouffée, tout en fermant des yeux afin de laisser paraître un sentiment de pleine satisfaction face à cette dépendance. Nous n'avions pas besoin d'être prostitué pour profiter d'une cigarette, mais la manière dont on laissait paraître ce plaisir, démontrait une parcelle de notre caractère. Ainsi, je balançai légèrement la tête en arrière et étirai un mince sourire mesquin. Des frappements de mains achevèrent mon petit "numéro" peu travaillé, et je me rhabillai tout en descendant du bureau.

Mr. Winster entama un monologue assez court, afin de donner plus de détails sur sa vie, et d'expliquer le but de cette nudité comme nous l'attendions tous. Il était malin, et sa maturité nous prouvait qu'il était l'homme qu'il nous fallait pour nous enseigner l'art qu'est celui du théâtre. Nous fîmes plusieurs exercices, après que le prof ait eu l'amabilité de s'habiller, détruisant littéralement les sourires enjôleurs des pimbêches de la classe, et je devais avouer qu'elles étaient en grand nombre dans cette classe. Cette année, nous serions examiné sur notre facilité à nous dévêtir..Bizarrement, je fus enchantée. Quoi de mieux, que se déshabiller pour voir quelles limites nous nous étions imposés. Le premier cours s'acheva calmement, et la sonnerie de l'établissement retentit pour nous annoncer le deuxième cours. Pour le premier exercice, je fus nommée pour commencer. Je dus me trouver un partenaire avec lequel je ferais une scène dans laquelle je devrais introduire le mot que le professeur me dira. Je me levais afin de me joindre à lui, prenant pour partenaire, Aden, mais mon I-phone retentit et, gênée, je sortais de la classe, sans même avoir eu la permission du professeur. Pour un deuxième jour, je ne donnais pas une très bonne image de ma personne, mais qu'importe, c'était ma mère, et je me devais de répondre, la famille avant tout. Un petit temps de conversation et elle m'apprit qu'elle était enceinte de son nouveau petit ami. Je fus prise de vertige, et quelques secondes me suffirent à m'abattre. Je m'évanouissais, laissant le portable glissé sur le sol du couloir.

Crise de téthanie. Qui l'aurait cru. Cela faisait depuis des mois et des mois que je n'en avais pas été proie, mais il avait fallu que la vie de ma mère bascule pour qu'elle ait des répercutions sur la mienne. Mes muscles se crispèrent tandis que mon souffle se faisait plus court. Je sentis une présence à mes côtés, et au fur et à mesure que je reprenais mes esprits je m'aggripais à son bras. Mes yeux se remplirent de larmes avant que ces dernières ne perlent le long de mes joues rosées. Raphaël retira la pochette plastifiée de ma bouche et mon nez, et je me redressai brusquement, perdue. C'était contre les conseils du professeur, mais je réagissais toujours de manière excessive, contre les règles. Je repris quelques respirations et finis par m'emparer de mon portable, à proximité de ma silhouette. Je raccrochai expréssément et glissai mes mains sur mon visage, afin de me "réveiller".

Je veux rentrer chez moi, s'il vous plaît..

Je séchai mes larmes et enfouis ma tête dans le cou de Raphaël, telle une petite fille en manque d'affection, avec un naturel qui défiait la relation élève-professeur. Le proviseur, ou un autre professeur ne réagirait pas avec beaucoup de tact en nous voyant dans une telle position, mais ça n'avait pas d'importance pour moi, j'éprouvais ce besoin dont je ne pouvais bénéficier de mon père.

Je sentis des regards plus pressants sur ma personne et des murmures me ramenèrent un peu plus à la triste réalité. Raphaël et moi nous redressâmes tandis qu'Aden pénétrait dans la classe, afin de divertir les autres élèves. Il me tenait délicatement le bras, me dirigeant vers son automobile. Arrivée proche de cette dernière, Mr. Winster me demanda si je voulais rentrer seule... Je me détachai sans violence de sa légère étreinte et hochai la tête, approuvant sa réplique. Je le remerciai d'un mince sourire avant de prendre une nouvelle direction pour aller dans ma voiture, qui se trouvait plus loin, un coupé class qui coûtait une petite fortune mais qui constituait mon cadeau d'anniversaire de l'année dernière, je l'adorais d'ailleurs. Je m'installai à la place du conducteur et enclenchai le contact laissant échapper un léger ronronnement de mon véhicule. Je fis une marche arrière, afin de pouvoir être aux côtés de Raphaël, et lançai, calmement.

Ne vous inquiétez pas.

Ce n'est pas vraiment recommandé de conduire après une crise de téthanie mais je n'aimais pas dévoiler mon milieu aisé, afin de ne pas être jugé. La route se déroula sans embûches et j'arrivai à destination. La villa était vide, mais un mot était disposé à l'aide d'aimants sur le réfrigérateur. Mon père avait laissé de l'argent afin que je commande des pizzas pour le repas de ce soir, et à la vue de ce mesasge je compris rapidement que nous ne mangerions pas ensemble. Il était quatorze heures, et ma seule occupation serait de me reposer. Je finis tout de même par me réveiller aux environs de dix-huit heures et m'attelai à mes devoirs pour demain. Aux environs de dix-neuf heures je contactai la pizzeria la plus proche, lorsque un coup fut frappé à la porte. Je raccrochai, après que le garçon m'ait confirmé ma commande qui arriverait dans les plus brefs délais et j'allais ouvrir, sans même m'attendre à ce visiteur. Raphäel, face à moi, un petit sourire sur les lèvres, et un sac entre les doigts. Ma politesse incarnée m'obligeait à lui proposer de pénétrer dans mon antre, malgré quelques réticences. Je me doutais bien qu'il ne voulait guère se sentir de trop, mais j'étais seule, et un peu de compagnie ne me ferait pas de mal, surtout celle ci..

Je ne me doutais pas qu'en plus d'être un professeur passionné, vous aviez des connaissances en matière de médecine.

Mes paroles se réfèraient à ma crise de téthanie.

Les macarons..Il n'y avait pas meilleur remède pour me remonter le moral de cette soirée qui s'annonçait ennuyeuse. Un large sourire se dessina le long de mes douces lèvres avant que je ne m'empare du présent, et que je le dépose sur le long bar de la cuisine dans laquelle nous avions pénétré. Lorsqu'il explosa de rire, je ne pus me retenir, et me joignais à lui dans un rire cristallin et discret. Rafaël. ça n'allait pas être une tâche des plus faciles d'avoir le privilège de pouvoir appeller son professeur par son prénom. Chaque étudiants, auparavant au stade d'élève a été programmé et habitué à prénommer leur supérieur " Monsieur " ou " Madame " Même si la jeune femme n'était pas mariée, nous avions comme l'obligation d'employer cette formule de politesse. Pas de Mademoiselle. D'un geste poli, je fis comprendre à mon partenaire que j'allais disposer sa veste sur le porte manteau et le lui retirai délicatement. J'entrepris de me diriger vers l'entrée afin de ranger la veste, mais la porte retentit, et je pris l'argent posé sur le comptoir, accourant jusqu'à la porte. Je payai le "serveur" de pizza, et rentrai à nouveau dans la villa. Je posai le tout sur la table basse, invitant Rafaël à se joindre à moi.

J'espère que vous n'avez rien à faire ce soir..

Je proposais tout bonnement à Rafaël de se joindre à moi pour cette soirée, mais j'étais persuadée qu'il avait sûrement une vie de famille, et je ne voulais pas tellement le forcer à rester avec une de ses élèves. D'ailleurs, ce n'était pas du tout recommandé, voire même interdit, c'est pourquoi, je ne donnerais aucun détails de cette soirée si il s'avérait qu'elle se faisait.

Mon ivresse me faisait littéralement divagué, mais heureusement pour moi, j'avais à mes côtés un garçon responsable et qui ne compterait pas abusé de ma vulnérabilité. Il me rasseya à ses côtés, me remerciant tout de même du compliment que je lui avais avoué. Et ce n'était pas les méfaits de l'alcool qui m'avait forcé à prononcer de telles paroles. Je les pensais réellement, mais la boisson m'avait juste incitée à dévoiler ma pensée la plus profonde qui se voyait omniprésente dans mon esprit. Son conseil parvint à mes oreilles avec un soupçon de sympathie qui m'arrachèrent un large sourire. J'haussai les épaules avec vivacité et finis par poser ma tête sur l'épaule de mon partenaire, épuisée. Soudainement, la sonnerie de la porte retentit, et je me redressais brusquement. Je posai mon premier pas au sol, puis mon deuxième pour enfin atteindre l'entrée et constater que le visiteur n'était pas mon père, mais une tout autre personne. Sous l'emprise de l'alcool, je ne réagis pas avec normalité. Je soupirai et tentai de refermer la porte, mais l'individu plaça son pied de manière à m'empêcher de lui refuser l'accès à la villa. Je rouvris l'obstacle qui nous séparait et l'homme prit la parole.

Est-ce que je pourrais parler à ton père, s'il te plaît.

Songeuse, je passai une main dans ma crinière et appelai Rafaël. Cette villa n'était pas la sienne, mais je ne me sentais pas capable de lui confirmer que mon père n'était guère présent pour l'instant. Ce n'était pas convenable, étant donné qu'il n'était pas l'hôte de la maison, mais à ce moment précis, je n'y pensais pas vraiment. J'accourai jusqu'aux toilettes afin de vider mon estomac, tandis que Rafaël se dirigeait vers l'entrée. Je n'avais aucunement conscience de son but. Peut-être allait-il achever la requête de l'homme baraqué, comme je le voulais, ou il s'apprêtait à quitter la villa. Qu'importe, pour le moment, j'étas plus préoccupé par mon ventre, que cette histoire.

[ J'te laisse le choix de faire dégénérer maintenant ou pas (a) Mais ce serait bien que ça dégénère déjà un peu maintenant ]