Attention chien méchant

Une journée des plus chargées m' attendait en ce Lundi ensoleillé tandis que je réalisais que mon réveil retentissait dans ma chambre. D' un geste peu calculé et lent, je laissai retomber ma main contre l' appareil, stoppant ce bruit sourd et aiguë. Par pure feignantise, je m' attardai dans les couvertures, profitant au maximum de mes dernières minutes de sommeil et me résignai enfin à quitter mon doux matelas. Comme chaque matin, je pénétrais dans ma petite cuisine, prenais un court petit déjeuner, et quittais mon petit appartement à grande allure, au bord d' un retard qui me vaudrait encore une remarque déplaisante. Je ne vivais pas dans un milieu très aisé, me contentant simplement de mon salaire de simple serveuse dans le café du coin, mais cela me suffisait amplement. La vie que vivait ces petits bourgeois me semblait tout simplement ridicule. Contrôlés jusqu' au bout des ongles, ils ne voyaient que par leur apparence, et leur carte de crédit. Un comportement égocentrique qui m' hérissait les poils. Si désagréable. J' avais beau être une personne très forte de caractère, je n' aimais pas me friter avec eux. C' était comme chercher la merde là ou il n' y en avait pas, ou alors elle venait simplement à vous sans que vous la cherchiez. C' était généralement le cas avec eux, mais j' avais cessé de me préoccuper de leur ironie & sarcasme déplacé à mon égard.

Le rituel du matin achevé, j' accourais jusqu' à la salle de bain, me lavai activement et quittai la douche pour une tenue décente, très simple, me correspondant. Un tee shirt assez large, dissimulant mes formes aguicheuses, une veste en cuir reflétant le côté " je m'en foutiste " de ma personnalité, un slim assortis à mon tee-shirt et de vieilles converses. Tout ce qu' il y a de plus banal, mais je n' accordais que très peu d' importance aux avis farfelus des gens, par conséquent, ma tenue du jour ne constituait aucun engouement particulier.

« You see the changes, in things that come, it’s how you deal with it, when switching off, make a decision, a precondition, we got the choice if it all goes wrong. » Chantonnais-je, d' une voix peu inaudible. We walk • The ting tings. Un de mes duos anglais favoris, créant leur notoriété grâce à des musiques telles que celle ci. D' un pas nonchalant, je foulai le bitûme frais du trottoir qui me conduisait, malgré moi, jusqu' à mon arrêt de bus. La même rengaine. Le bus allait être pleins à craquer, avec les bourgeois-racailles de la FAC, tellement réjouissant pour commencer la journée. Mes cheveux attachés en une queue de cheval, mes lunettes teintées sur les yeux, je ne représentais quasiment rien dans cette foule d' étudiants. Après une attente de quelques minutes, le bus arrivait enfin, et comme d' habitude, il était blindé ! Je payai mon voyage et jetai de furtif coup d' oeil aux places assises, toutes prises, sauf une...Celle aux côtés d' Aden Becker. Un garçon aux allures acoquinantes, mais d' un caractère indomptable et si désagréable que je n' osais même pas le regarder dans les yeux. Mon instinct de protection m' incitait à ne pas l' approcher, et je ne comptais pas enfreindre les conditions de mon instinct. Je le suivais toujours, que la situation soit grave ou anodine. Je jetai un coup d' oeil à mon portable, et m' avançai d' un pas prudent en direction du siège libre. Un bon nombre de murmurres vinrent m' avertir des risques que j' encourais mais je n' allais pas m' arrêter à ça, c' était bien trop lâche, et je n' étais pas une trouillarde. Je m' installai à ses côtés sans prononcer un seul mot, et finis par étirer un petit sourire à ses paroles froides.

« Si t' es pas content, TU dégages. Le respect, on te l' a jamais appris, sale connard de bourgeois. »

Je soupirai un bon coup, me disant que je quitterai bientôt cette place pour les bras de mon petit ami, Adonis, le seul " bourgeois " que je respectais et même si il appréciait Aden, je n' allais pas faire de même pour autant. Il confirmait l' amitié qui les liaient en affirmant qu' ils vivaient dans le même lieu de riche, ce qui me faisait toujours rire, tellement con.

Je n' avais jamais compris ce besoin si présent de s' imposer ainsi, de manière si sadique et désagréable chez Aden mais je ne cherchais plus à déceler une quelconque touche de gentillesse chez cet être aigri, et intraitable. J' en venais même à me demander comment Adonis avait su tisser des liens avec lui. Par politesse innée, j' avais automatiquement retiré mes lunettes en pénétrant dans le bus mais ne m' étais pas attendue à ce que mes pupilles croisent celle de mon malheureux voisin. En deux temps trois mouvements, mon visage fut emporté sans que je puisse répliquer un quelconque refus. Mes yeux aux allures verdâtres & bleuâtres se plongèrent dans ceux de mon partenaire. Cette barbarie gestuelle ne m' intimidait guère, peut-être pas au moins d' en devenir hilare, mais ça ne m' effrayait pas tellement. Je remarquai l' attention vicieuse du jeune Becker, se mordillant la lèvre inférieur. Son souffle chaud vint frapper ma peau laiteuse lorsqu' il prit la parole tandis que je tentai de me dégager de son emprise, en vain. Il m' adressa un bref baiser avant de me relâcher. C' était méprisable. Un tel comportement, il n' avait jamais appris à respecter une femme, et j' avais mal au coeur, mal au coeur pour lui car même si la gente féminine était attiré par Aden, il ne trouverait jamais une compagne qui en vaudrait le coup, il ne trouverait jamais celle pour laquelle il éprouverait de réels sentiments. Il n' avait pas appris à aimer, mais ce n' était pas mon problème, c' était le sien, et c' était aussi son choix, si il ne voulait pas y remédier. D' un brusque revirement de ma main, je passai un coup violent sur ma bouche, avec pour but d' affirmer mon dégoût face à l' avance d' Aden. Un sourire satisfait trônait sur les lèvres du jeune Anglais tandis que ma bonne humeur s' était changée en un flot de haine. Ce garçon avait le don de ruiner chacune de mes journées par ses agissements déloyales et pervers. Sa deuxième prise de parole m' arracha un rictus cruel, mais mérité. La plupart des passagers du bus se tournèrent vers moi mais je fis comme ci je n' avais rien remarqué et répliquai d' un ton ironie et blessant:

« Tu veux peut-être que je te pleure ? Pauvre Aden avec une vie de merde. Qu' est ce que j' y peux ? On a dû te léguer une bite à la place du cerveau, mais je m' en fous, je m' en fous royalement et je me permet de te juger parce que tu fais de même, maintenant ferme ta gueule. Oui je te hais, et ce n' est pas prêt de changer. »

J' achevai mes derniers mots lorsque nous arrivions à la FAC. Un sourire vicieux et offensant sur les lèvres, je quittai le bus sans même jeter de regard à cet individu détestable. J' enfilai une nouvelle fois mes lunettes avant de chercher du regard, Adonis. Ce dernier m' attendait, accoudé à un mur proche de l' entrée de l' enseigne. Un large sourire sur les lèvres, détruisant toutes mauvaises pensées de mon esprit, j' accourais jusque lui et l' embrassai longuement, heureuse de retrouver cette personne si chère à mes yeux. Je finis par le détailler avec un peu plus d' importance tandis que ses mains se posaient délicatement contre mes hanches. Pull en Col V, aux teintes grises/marrons, un pantalon droit assortis, surmonté d' une paire de chaussure à la mode, désiré de tous. Sa veste en cuir nous associait à merveille, et je ne pus que sourire face à cette constatation.

« Comment va la plus belle ? »
« Elle se porte à merveille ! » Mentis-je, gardant toujours quelques séquelles du trajet en la mauvaise compagnie d' Aden.
« Tant mieux, ce soir, je t' invite à une soirée privée. »
« Adonis..Tu sais très bien que... »
« S' il te plaît, Bella ! Accepte, pour une fois, je te promet que ce ne sera pas le même fiasco que la dernière fois... »

Je m' apprêtai à répondre mais fus coupée dans mon élan par l' appellation du prénom " Aden " par mon petit ami. Un petit signe et je toisai la silhouette élancée de Becker s' approcher de nous. Un sourire sarcastique sur les lèvres, j' embrassai une dernière fois Adonis et le quittai, me dirigeant vers l' entrée de la FAC. Je lachai un petit « Pff » en frôlant la silhouette d' Aden, tandis que je me détachais les cheveux, et rangeai mes lunettes. Rituel habituel afin d' avoir une dégaine au moins respectable dans cette FAC de bourge, dans laquelle j' étudiais les langues. Depuis que le responsable du café dans lequel je travaillais m' avait pris sous son aile, j' avais la chance d' avoir beaucoup de promotions et un salaire élevé qui m' aidait à subvenir à mes propres besoins, factices ou non. La FAC était un des cadeaux que je m' étais fais, car j' étais une personne des plus intelligente, avec un potentiel effarant, même si très peu détectable.

Après m' être inspectée et constatant que j' étais dans un état potable, je m' apprêtai à pénétrer dans l' établissement mais me rappelai que je n' étais pas libre ce soir. Mon service au café se terminait très tard dans la soirée, et je ne serais sûrement pas d' humeur à faire la fête après cette journée éprouvante. Je fis marche arrière et atteignai, sans réellement m' en rendre compte, la silhouette d' Aden. Ce dernier se pencha vers moi et me souffla qu' il ne m' avait jamais jugée. Les bras croisés contre ma poitrine, j' etouffai un brusque rire et lançai, hilare et sarcastique, à ce cher Becker que ça en avait tout l' air pourtant. Il osait affirmé qu' il ne portait aucun jugement sur ma personne, pourtant sa personnalité me poussait à croire que c' était le cas, et sa façon d' être renchérissait brusquement les choses. Je ne pouvais pas lui faire confiance, et par conséquent, rien ne me forçait à croire ces précédentes paroles. Et puis pourquoi ressentait-il ce brusque besoin de se justifier, de venir mettre les choses au clair ? Mon avis, ce que je pensais de lui, il s' en fichait, alors pourquoi tant d' attention d' un seul coup ? Je me promis d' éclaircir ce point un jour, le jour où j' arriverais un minimum à l' apprécier, ce qui signifiait que ce ne serait pas pour maintenant. La sonnerie de l' établissement finit par retentir, me sauvant de ce minime règlement de compte, qui n'en était pas un pour moi mais plutôt pour Aden. Je fis quelques pas rapides en direction de l' entrée mais m' arrêtai à mi chemin, interpellant Aden, qui ne s' y attendait pas.

« Tu diras à Adonis que je peux pas aller à votre vieille soirée ce soir ! J' ai trop de boulots. »

J' avais prononcé ses paroles avec un ton neutre, reflétant ma banalité à l' idée de m' adresser au grand Aden Becker. Sans même attendre qu' il me réponde, je pénétrai dans la FAC, la somptueuse cours grouillant de monde. Par chance, ma première heure était des plus plaisantes, une heure d' étude qui me permettrait d' achever ma nuit. Accompagnée de quelques fréquentations, j' entrai dans la salle réservée spécialement à l' étude. Je m' asseyai sur une chaise se trouvant au fond et posai mon sac sur le bureau, histoire de l' utiliser comme oreiller durant cette heure rêvée. Quelques minutes s' écoulèrent lorsque j' ouvris brusquement les yeux, ressentant l' envie brutale de fumer une cigarette. Je m' étirai longuement mais interrompus mes gestes face aux quelques chuchotis qui vinrent titiller mes oreilles.

« Apparemment Aden va conclure avec Yasmine ! »
« J'y crois pas ! Il serait trop mieux avec moi ! Tu crois que si je vais à sa fête qu' il organise avec Adonis, j' aurais mes chances ? »
« TROP ! Ce soir, tu passes à la maison, je vais te faire un superbe relooking ! Maman m' a prêté sa carte de crédit ! Et puis même si vous êtes pas ensemble, t' aura au moins la chance de passer dans un lit avec lui, j' en suis sûre ! »

Je me retins de rire trouvant la situation totalement ridicule. Se pouponner pour un mec qui ne voit que par ta chatte et ton cul, c' est se donner des espoirs et retomber de haut. Aden finit par faire son apparition dans la salle d' étude, à croire que Dieu voulait poursuivre la torture ! J' émis un sourd soupir et levai la main, demandant l' autorisation de quitter la salle d' étude. Être dans la même pièce que lui m' était insupportable. Bien sûr, la surveillante répondit négativement à ma requête et je me rasseyai, démoralisée.

(Voilààà, posté ! Répond & Assure, je veux de la lecture demain Je t' aime (L))

De dos au comptoir, je faisais mine d' être très occupée mais je pus tout de même entendre la sonnerie de la porte, indiquant que de nouveaux consommateurs étaient rentrés dans le café le plus réputé de la ville. Je soupirais un bon coup lorsque je sentis une présence étrangère à mes côtés, enfin, étrangère parce que je le voulais. Cette dernière me retourna et plongea son regard dans le mien. Un regard qui ne reflétait plus de la haine mais plus de la douceur, ce qui eut le don de m' écoeurer. Ses paroles se voulaient sûrement réconfortantes ou alors véridiques, mais je n' en voulais pas et surtout pas de sa part. Je me décalai brusquement, les bras croisés sur ma poitrine, un aura de stupéfaction m' entourant. Je finis par exploser de rire, hilarité qui retint l' attention d' Adonis, présentement assis sur un fauteuil. De longues secondes s' écoulèrent avant que je n' arrête de rire et que je reprenne une mine irritée, reflétant mon énervement. Cette prise de parole était à mes yeux inutile & totalement ridicule. Si Aden avait voulu faire une bonne action, et bien c' était raté. Sans être violente, je le poussai en dehors du comptoir car il n' avait pas l' autorisation d' être derrière et je m' accoudai à ce dernier, un sourire sarcastique.

« Je ne veux pas de vous, ici. Et je préfère amplement que ce soit Adonis qui s' explique. T' a pas quelque chose à me dire ? » Adonis se leva et s' accouda au comptoir à son tour, face à moi, un sourire approbateur. « Aden a déjà tout dit, mais tu sais très bien que je serais incapable de te tromper... » « Peut-être.. » « Depuis quand tu doutes de mes sentiments ? » « On ne peut faire confiance à personne. » « Tu peux ME faire confiance. Je t' aime ! » « Moi aussi. »

Et voilà, je fondais une nouvelle fois, il m' embrassa longuement et m' adressa un clin d' oeil. Un sourire vint orner mon visage tandis qu' Adonis approchait ses lèvres de mon oreille, me mumurrant quelques mots doux. La méthode de drague habituelle, même si nous étions déjà ensemble.

« Ma proposition pour ce soir tiens toujours. » « Intéressant. » Soufflai-je, taquine. « Tu ne saurais pas me refuser ça tout de même ? On terminera la soirée ensemble.. » Bien sûr, je n' avais pas grande difficultés à comprendre de quoi voulait parler Adonis. « Je ne suis pas sûre de venir, mais j' essaierais. » « Génial. »

Je lui rendis son clin d' oeil et repris mon service. La journée s' acheva calmement, j' eus le temps d' apercevoir de temps à autre Aden, accompagné d' Adonis. Je devais admettre le fait qu' il formait un duo indestructible, ils rigolaient ensemble, avaient fumé leur premier joint ensemble, ils étaient reliés d' un lien indéfinissable car extrêmement fort. Et même si je détestais Aden, je ne pouvais nié le bien qu' il procurait à Adonis. Par moment, j' aurais voulu avoir la chance d' avoir un meilleur ami comme lui, sans son caractère désagréable, mais au moins une épaule sur laquelle pouvoir pleurer, ne pas avoir à tout supporter. Adonis me permettait d' évacuer mais je n' osais jamais tout lui dire, car le connaissant, tout ce qu' il saurait faire c'est me couvrir de cadeaux, me serrer dans ses bras, m' embrasser. Ces attentions restaient importantes à mes yeux, mais pas si suffisantes que cela.

Aux environs de 22h00, je demandais l' autorisation à mon responsable de terminer mon service un peu plus tôt. Bien sûr, il m' accorda cette faveur et je quittai donc le café pour mon petit appartement, modeste mais agréable malgré tout. Je pris une bonne et longue douche, me maquillai légèrement et m' accoutrai de mes sous vêtements. Je n' allais pas sortir la grande tenue pour une fête qui se terminerait sûrement en orgie, vu qu' elle se déroulait dans un des duplex que possédait Aden. Lorsque je fus entièrement vêtue, je renais mes effets personnels et partais pour la soirée. Je reçus entre temps un message d' Adois, me disant qu' il m' attendait. Un petit sourire s' était dessiné le long de mes lèvres et je ne tardai pas à arriver face à la porte du luxueux duplex. La musique résonnait tel un écho dans mon esprit et je redoutais le moment où on m' ouvrirait la porte et que je découvrirais le bordel. En fait, je n' eus même pas le besoin de frapper à la porte, cette dernière s' ouvrit, et deux jeunes filles s' embrassant avidement sortirent de l' appartement. Je soupirai un bon coup, appréhendant la suite des évènements et pénétrai dans l' appartement. Une bouteille de champagne était disposée sr un comptoir non loin de ma position. Je m' en emparai et en buvai la moitié cul sec. Il fallait bien que je me mette dans l' ambiance, une bonne fois pour toute. Adonis ne tarda pas à me remarquer et m' enlaça contre lui m' embrassant longuement puis attardant ses lèvres dans mon cou, glissant ses mains jusqu' à mes fesses.

« Où est la chambre ? » Soufflai-je, euphorique, contrôlées par les effets de l' alcool. « Aden, la chambre elle est où déjà ? » Lança Adonis à son meilleur ami tandis que mes mains dessinaient son torse.

Après qu'Aden nous ait indiqué la direction de la chambre, Adonis le remercia d'un clin d' oeil puis nous reprîmes nos embrassades. Avant d' atteindre le couloir, mon petit ami glissa ses mains sous mon débardeur, mon pull gisant déjà au sol, et le lança sur le canapé. Nous entrâmes dans la chambre, et nous passâmes à l' acte tant attendu, empreint de douceur, d' amour. Personne n' était venu nous déranger, et nous terminâmes notre nuit dans les bras l' un l' autre, euphoriques. J' ouvris une à une les paupières lorsque je sentis les rayons du soleil frapper avec douceur ma peau de porcelaine, m'adressant une chaleur innattendue. Adonis dormait toujours aussi profondément et par pure respect, je n' allais pas le réveiller. De plus, il était si mignon que je ne voulais pas briser ce moment. Je quittai le lit avec délicatesse, ré-enfilai mes sous vêtements et sortais de la chambre. Je foulai le sol du couloir recouvert de corps avachis à moitié endormis, prenant le soin de ne pas les écraser et pénétrai enfin dans le salon. Un petit air d' electro comme musique de fond, je cherchais activement mon débardeur lorsque je me rappellai enfin qu' il avait été propulsé sur le canapé mais Aden se trouvait affalé dessus, et je ne voulais pas le réveiller non plus. Je me contentai donc simplement de mon pull bleu à fermeture & de mon boxer. Le soleil était au rendez vous de toute façon, donc je n' avais pas de soucis à me faire à l' idée d' attraper froid. Un paquet de cigarette gisait sur une table sale du salon. J' en prenais une et quittai le salon pour le somptueux balcon de l' appartement, un besoin d' air frais se faisant plus présent pour mon esprit et mes poumons ! J' ouvris doucement la baie vitrée et la refermai derrière moi lorsque j' eus mis mes pieds sur le teck, un bois lisse, et frais. J' allumai ma cigarette après l' avoir porté à ma bouche et tirai une longue bouffée, fermant les yeux afin de savourer cette sensation de bien être que me procurait ma dose habituelle de nicotine. Je finis par souffler ma bouffée, et vins m' accouder à la rembarde du balcon. Mon pull était à moitié ouvert dévoilant au yeux du monde quasiment toute ma poitrine, et permettant la brisée de glisser sur presque la totalité de ma peau, tel un bain de bonheur.

« I can't take it this welcome is gone and I've waited long enough to make it and if you're so strong you might as well just do it alone and I'll watch you go. »

Un mince sourire sur les lèvres, je chantonnais la chansn Can't take it du groupe ALL-AMERICAN REJECTS. Un de mes favoris, la cigarette coincé entre mon index et mon majeur, laissant la cigarette se consumer elle-même. J' étais une de ses personnes qui étaient chaque matin de bonne humeur, surtout quand le soleil rayonnait. Je passai ma main libre dans mes cheveux afin d' avoir un état décent et repris une bouffée avant de la souffler une dernière fois et de balancer la cigarette par dessus la rembarde, après avoir pris le soin de l' éteindre. Mais le bonheur ne perdurait jamais et la sonnerie de mon portable vint détruire ce moment de bien être. Remarquant que la personne était mon frère ainé, je m' empressai de répondre.

« Priam ? »
« Loulou. »
« Hum, tu commences bien dés le matin, toi ! »
« Je sais, je sais ! Je t' appelle pour prendre de tes nouvelles et pour connaître ta décision, ton envie de partir est toujours présente ? »
« Je ne sais pas. »
« Papa a dû mal à subvenir aux besoins de la famille en ce moment, tu sais et... »
« Je peux vous envoyer ma dernière paye. »
« Et toi, Bella ? Tes factures vont être en retard une nouvelle fois et les parents vont s' en vouloir si tu n' arrives pas à t' en sortir ! »
« Moi, ce n' est pas un problème, tu le sais très bien. »
« Bella... »
« J' arriverais Lundi à Londres, aux environs de 20h00, le temps que j' annonce la nouvelle à Adonis.. »
« Merci pour tout, je ne sais pas ce que l' on ferait sans toi, même avec mon salaire d' ingénieur, ils ne s' en sortent pas. Les médicaments de Maman pour son coeur sont de plus en plus chers.. »
« Tu n' as pas besoin de te justifier, je comprend. Allez, bisous. »

Je mis fin à la conversation et rangeai mon portable dans une des poches de ma veste. Soucieuse, je plongeai mon regard dans l' étendue bleuâtre afin d' y chercher un quelconque réconfort, qui vaudrait les bras de l' être que j' aimais, car je devrais m' en passer durant une longue période. La famille avant tout...Ma mère était atteinte d' un cancer du coeur qui ne faisait pas tant d' effet sur son apparence mais son mental et ses activités quotidiennes en prenaient un coup et je me devais d' être présent pour elle. Il fallait aussi qu' elle ait ses médicaments, et quant à faire des heures supplémentaires dans le petit boulot que je trouverais à Londres, je ferais tout pour qu' elle les ait dans les temps. J' étais capable de tout pour le bonheur des êtres les plus chers à mes yeux, mais je redoutais malgré tout le moment où je devrais annoncé la nouvelle à mon petit ami. Un grognement sourd vint me sortir de ma rêverie tandis que je me retournai doucement, remarquant la présence d' Aden. Un sourire sadique vint orner mon visage avant que je ne me décide à prendre la parole.

« J' aime bien avoir de l' intimité, vois-tu. J' ai pas envie que tu me ramènes tes potes de merde ici, surtout la Yasmine qui te suit comme un toutou, tss. »

Aden esquissa un simple sourire qui eut le don de m' arracher un froncement de sourcil. Il semblait tout à fait différent et ce qui se passa il y' a quelques secondes ne put qu' affirmer mes pensées. Le jeune Becker m' avait embrassé la joue en guise de bonjour. Prise sur le fait, j' avais été incapable de répliquer ou d' éviter cette attention, je me contentai donc simplement d' un haussement d' épaule. Je quittai la rembarde pour m' accouder à la baie vitrée tandis qu' Aden prenait ma place initiale. Sa prise de paroles m' arracha un mince sourire, reflétant ma tristesse. J' hochai positivement la tête, les bras croisés sur ma poitrine. Je reconnaissais que je précipitais les choses, mais je ne voulais pas repousser les adieux, car plus longue était l' attente et plus la souffrance serait difficile à supporter. J' étais la mieux placée pour savoir ça. J' étais une personne très sensible qui avait tendance à bien trop s' attacher aux gens qui ne lui apportaient que du bon dans sa vie. J' avais tant voyagé, rencontré tellement de personnes mais en avais aussi tellement quitté. Je créais mon bonheur à l' aide d' individu tous aussi différents les un que les autres, possédant tous leur propre richesse, et je les appréciais pour cela, mais la vie se révélait bien plus difficile qu' on aurait pu le croire, et le fait de quitter ces êtres détruisaient une petite parcelle de votre âme, autrefois emplis d' une joie sans précédent. Je sentais déjà ce vide en annonçant la nouvelle à Adonis, surtout dés le matin, mais il fallait que je le fasse, pour lui, pour moi & pour nous. Il allait être anéanti je m' en doutais et ce n' était pas la peine de me le rappeller. Fermant les yeux, afin de contenir comme je le pouvais la douleur qui me submergeait, je soufflais un « Je le sais, merci. » à la fois énervé et attristé. Je finis par quitter le balcon, afin d' aller à la rencontre d' Adonis qui venait tout juste de se réveiller. Nous nous embrassâmes longuement avant que je ne l' informe enfin.

« Adonis, j' ai quelque chose à te dire. »
« Oui ? »
« Je t' ai parlé des problèmes de santé de ma mère.. »
« Et ? » Rétorqua-t-il au tac au tac, s' attendant au pire.
« Ma famille a du mal à subvenir à ses besoins, je dois retourner à Londres pour une période indéterminée. Je suis désolée... »
« Je... Tu peux pas me laisser comme ça Bella ! »
« Je ne t' abandonne pas, je fais juste ce qui me semble le mieux. »
« Je penserais tous les jours à toi, et je t' attendrais. » Me lança-t-il, portant sa main à une de mes joues qu' il caressa du revers de son pouce.

Il ne s' était pas douté une seconde de la souffrance qui naissait dans mon coeur, ses paroles qui d' habitude m' auraient fait énormément plaisir, me brisaient, car il allait me manquer, mon petit ami allait être un vrai manque, et je ne voyais personne qui serait apte à combler le prochain manque de tendresse qui amorçait son processus dans ma poitrine. Après nous être tous les deux, rhabillés, nous quittâmes le lit, et Adonis invita chaques participant de la soirée à rentrer chez eux. En l' espace d' une bonne heure, l' appartement fut vide de toute agitation. Il ne restait plus qu' à le nettoyer et il serait parfait. Mais j' avais bien d' autre chose à faire, comme préparé ma valise. Je rentrai à mon propre appartement, terminai mes bagages et revenais dans le duplex. Deux bonnes heures avaient dû s' écouler et l' appartement se révélait être particulièrement propre. Je rejoignais Adonis assis sur le canapé et nous nous calinâmes longtemps lorsqu' Aden revint de sa petite course, du moins c' est ce qu' il nous avait dit. Il me demanda à quelle heure était mon avion puis nous proposa de nous amener à l' aéroport. La stupéfaction envahit mon visage tandis qu' Adonis approuvait la proposition. Je n' avais pas le choix, j' acceptais donc à mon tour.

« A 14h00. On a encore un peu de temps. Mais je dois passer voir certaines personnes. On se retrouve aux environs de 13h30 à mon appartement. »

J' embrassai une énième fois mon petit ami, adressai pour la première fois de mon existence un minime sourire à Aden et quittai l' appartement, prenant mes valises. C' est sur, ça n' avait rien de bien pratique, sachant le trajet que j' avais à faire, mais j' avais déjà supporté beaucoup plus, ce n' était pas ça qui allait me freiner. Vingt bonnes minutes s' écoulèrent et j' arrivai enfin à destination. L' ascenceur, puis je pénétrai dans l' appartement. Je pris une bonne douche puis me rendis à mon lieu de travail, afin d' annoncer ma démission indéterminée. Le responsable fut contraint d' accepter, puis j' allais à la banque, retirai tout l' argent qui s' y trouvait et rentrai à l' appartement. Je fis un peu de rangement, même si le logement était propre puis me posai sur le canapé et m' endormis. Il était 10h00 du matin, j' avais encore le temps de faire un petit roupillon, en espérant que je me réveillerais à temps.

J' étais plongée dans un doux sommeil lorsque je sentis un contact sur ma joue. J' émis un minime râle déplaisant puis me résignai à ouvrir les paupières aux dires de l' individu en question qui n' était autre qu' Aden. Il semblait avoir vraiment changer depuis quelques heures et j' avais beaucoup de mal à y croire. Je m' asseyai puis me passai une main dans les cheveux avec pour but de les remettre en place, même si c' était peine perdue, et puis ma sieste n' avait pas tellement endommagé ma coiffure pour laquelle je ne portais pas tant d' importance dans le fond. Adonis s' asseya à mes côtés, silencieux, mais la ride entre ses deux yeux m' indiquait qu' il était soucieux. Je tentai de plonger mon regard dans le sien, me doutant de la douleur que cela provoquerait mais je ne m' attendis pas à cet élan de tendresse ! Adonis venait de me prendre dans ses bras et m' adressai une forte étreinte. Si son objectif était de me faire comprendre qu' il tenait à moi, et bien il avait réussi. Un petit sourire vint orné mon visage tandis que mes mains glissaient le long du dos de mon petit ami, un moyen de le réconforter, je ne voulais pas partir en le voyant souffrir. Je voulais qu' il vive cette séparation, bien, même si c' était beaucoup demandé, je savais qu' il en était capable. Je ne lui demandais pas de tourner la page, juste de se faire à cette distance qui serait de mise pour quelques mois. Il finit par me relâcher et je m' empressai de combler le manque d' air, sous les pupilles hilares d' Adonis, j' avais au moins su le faire sourire, c' était l' importance. Je quittai le canapé, enfilai ma veste, et rangeai l' enveloppe dans laquelle était stockée l' argent de la banque, dans ma poche. Je m' apprêtai à prendre mes valises, mais les deux hommes, gentlemen, désirèrent s' en charger. Je les laissai faire, touchée par cette attention. Ce n' était peut-être pas grand chose pour vous, mais la moindre aide à mon égard, même petite, me faisait particulièrement plaisir. Des gens qui s' entraidaient dans ce monde de fou, c' était tellement rare maintenant. Nous prîmes l' ascenceur après que j' ai inspecté mon appartement, éteint le gaz et fermé les volets. Nous arrivâmes au 4x4 d' Aden puis ils plaçèrent mes valises dans le coffre et nous nous installâmes. Je me mettais sur la banquette arrière seule, j' avais besoin de solitude. Le trajet jusqu' à l' aéroport fut rythmé par les deux voix d' Aden & Adonis qui se racontaient leur petites anecdotes auxquelles je ne portais pas tant d' importance. Le regard vrillé sur le paysage qui défilait sous mes yeux, j' essayai de me rappeler de ci et de ça, de n' oublier aucun élément de cette précieuse ville, qu' était Phoenix. Vingt minutes s' écoulèrent avant que nous arrivions à destination. Je me chargeai cette fois ci des valises, et engageai le pas dans l' aéroport. Regardant le géant panneau d' affichage électronique disposé sur une longue facade du lieu, je constatai que l' avion n' attendait que moi, du moins ses passagers. Sa y' est, nous allions devoir faire les Adieux. Je pris une bonne respiration et embrassai longuement Adonis. Mes yeux me picotaient malgré moi et je ne pus retenir une larme. Suivis Aden, mais une étreinte était bien trop pour nous. Je me limitai à un sourire et donnai mon passeport puis mon billet avant que l' hôtesse de l' air m' invite à déposer mes valises sur le tapis glissant après que ces dernières soient passé au contrôle. Je montai dans l' avion, sans même essayer de déceler les silhouettes d' Adonis & Aden dans la foule de monde qui trônait dans l' aéroport. La souffrance s' intensifierait contre mon grés. Assise sur mon fauteuil attitré, je fermai les yeux et sombrai une nouvelle fois dans un profond sommeil. Tout ce que je voulais c' était éviter de penser à eux.

Une journée entière d' avion durant laquelle j' avais éteint mon portable pour ne pas avoir de contact avec l' Amérique. Après la voiture, j' atteignis enfin la maison de mes parents. Je ne pris pas la peine de frapper, je rentrais, accueillie par ma famille. De nombreuses étreintes puis embrassades et je m' installai dans le jardin avec mon frère, Priam, un peu plus tard dans la soirée.

« J' ai l' argent. 2000. »
« Merci beaucoup, Bella ! »
« De rien, on ira acheter les médicaments de Maman demain, puis j' irais me chercher un boulot dans un des cafés du coin. »
« D' accord. Je suis content de te revoir parmi nous. »
« Moi aussi. »

Même si au fond, ce n' était pas totalement le cas, j' étais heureuse de retrouver d' autres repères. Je finis par remonter dans ma chambre, et déballai la totalité de mes valises. Je m' apprêtai à ranger les derniers débardeurs dans ma commode lorsque mon regard fut attiré par une enveloppe, dissimulée entre deux hauts. Je la pris, soucieuse, et l' ouvris doucement, redoutant son contenu. Une liasse de billet accompagnée d' un petit message. Je le lus et à la signature en bas, j' en concluais que c' était Adonis. Je posai le papier contre mon coeur avant de jeter un furtif coup d' oeil à l' argent. Peut-être en avais-je besoin, mais j'étais incapable de l' accepter. C' était décidé, je lui renverrais dans la journée de demain. Je m' installai sur l' ordinateur et envoyai un e-mail à mon petit ami.

E-MAIL •• destinataire: Adonis Eivind DEL GADO / expéditeur: Bella Maxìn WILLIAMS
Merci beaucoup pour le petit message et l' argent, mais tu sais très bien qu' il m' est impossible de l' accepter. Je te la renvoie demain. Bisous, je t' aime.

Réponse quelques minutes plus tard.

E-MAIL •• expéditeur: Adonis Eivind DEL GADO / destinataire: Bella Maxìn WILLIAMS.
Je vois pas de quoi tu me parles
Bisous, je t' aime aussi, tu me manques déjà..(u)

Le doute vint s' emparer de mon esprit, tandis que je relisais le petit papier. Un prénom vint s' imposer dans ma tête, mais je n' y croyais guère. Pourquoi Aden irait aider sa pire ennemie ? Je répondis à Adonis que je m' étais trompée de sujet et par chance, il se contenta de cette excuse puis je "m' attaquais" à Aden.

E-MAIL •• expéditeur: Bella Maxìn WILLIAMS / destinataire: Aden Maël BECKER.
460 dollars ?

J' avais fais le message dans la simplicité. Si il me répondait quelque chose de louche, alors j' en concluerais que c' est lui, mais dans le cas contraire, je lui dirais que je me suis trompée de contact. Nous étions à vue d' oeil, connectée tous les trois, mais MSN était bien trop instantané à mes yeux, je préférais de loin les e-mails.

Postée devant mon ordinateur, j' attendais patiemment la réponse d' Aden afin d' avoir confirmation. L' attente se fit plus courte que je ne l'aurais cru et que je ne pus qu' être étonnée face à la réponse d' Aden. Il fallait croire qu' il me connaissait un minimum pour savoir que j' allais refusée..Mais ce n' était pas parce que je n' avais plus moyen de le voir en face que je ne lui rendrais pas. J' allais faire les démarches dés demain, quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse. « Vous le méritez. » Je ne méritais rien si je ne l' avais pas gagné de ma sueur, par conséquent j' étais encore plus poussée à lui rendre la totalité de son argent. A mes yeux, de l' argent gagné par ses propres bras était de l' argent propre, tandis que de l' argent donné était la facilité même. Mais je n' aimais pas la facilité, et je n' allais pas me laisser tomber dans un engrenage car accepter l' argent, m' engageait à être redevable de quelque chose à Aden, et même si il ne caractérisait pas son acte de cette manière, du moins que son objectif n' était pas celui ci, que je sois à sa faveur, et bien ça ne changerait rien. J' étais la plus bornée des femmes, et si j' avais pour but de lui renvoyer l' argent, alors je le ferais. C' était ma mère qui m' avait légué ce trait de caractère, et j' en étais fière. La difficulté nous avait tous rendu plus fort, et je vivais très bien avec. Un décalage horaire me séparait de l' Amérique mais je répondais tout de même au message, en espérant qu' Aden ne serait pas parti en cours tout de suite.

E-MAIL •• destinataire: Aden Maël BECKER / expéditeur: Bella Maxìn WILLIAMS.
C' est la facilité, et je n' aime pas la facilité. Ne cherche pas à me raisonner, je ne changerais pas d' avis. Ou alors tu préfères peut-être que je te les fasse bouffer, quand on se reverra, connard ?

Après avoir envoyé le message, je quittai l' ordinateur et m' allongeai sur mon lit, soucieuse. J' aimais ma vie avec ou sans ses péripéties, mais je revenais malgré tout sur la question de la facilité. Je tenais entremes mains la somme que m' avait offert Aden. 460 dollars, je me demandais même pourquoi il me donnait 460 précisément et pas 400 ou alors 500. 666 dollars, encore j' aurais compris, sa cruauté dépasse de loin celle du Diable, mais 460. De longues minutes de reflexions à propos de la somme d' argent vinrent mouvementé mon esprit tandis que le temps passait. Adonis&Aden devait sûrement être en cours tandis que j' allais me coucher. Il était deux heure du matin, mais la fatigue ne s' était toujours pas épris de moi. Je finis malgré tout par faire ma toilette du soir et me vêtir de mon pyjama. Je m' emmitouflais dans les chaudes couvertures de mon lit et me décidai enfin à rallumer mon portable, constatant le nombre de messages que l' on m' avait envoyé. La plupart était d' Adonis, un seul était d' Aden, et par pure curiosité je me risquais à le lire, et fus de nouveau surprise par son comportement. Je ne savais même pas comment prendre cet élan de gentillesse. Peut-être était-ce un moyen de me manipuler ou alors il était réellement sincère, ce que je n' arrivais pas à croire. Je supprimai tous mes messages, sans même prendre le soin de lire ceux d' Adonis puis éteignis mon cellulaire. J' incitai mes paupières à se faire plus lourde, en me fatiguant les neurones de verbes d' espagnol, d' italien, de diphtongue, d' accent mais rien y faisait, je n' arrivais pas à trouver le sommeil. J' avais cette bête impression de lui courir après mais de ne jamais réussir à l' attraper. Je me redressai brusquement, mon portable dans une main, et le balançai par ma fenêtre. Oui, oui, je savais ce que je faisais. Je voulais réellement me couper de l' Amérique, pour éviter de me faire souffrir et le portable était un des plus grands moyens qui me permettait encore le contact. Je refermai ma fenêtre et retournai dans mon lit. Bizarrement, je trouvai le sommeil avec une telle facilité que cela en devenait troublant. Il faut croire qu' en lançant mon portable, j' avais aussi lancé les vieux démons de mon coeur.

Aux environs de 6h00 du matin, je me réveillai brusquement. J' observai la pièce dans laquelle j'étais, qui se révélait être ma chambre et soupirai un bon coup. Il devait être dans les environs de 18h00 chez les Américains et les garçons avaient terminé les cours. Je me lavai, et tentai un petit coup sur l' ordinateur. MSN plus précisément, espérant qu' ils* ne seraient pas connectés.

J' observai vaguement ma liste de contact connecté, dont Adonis & Aden. Un petit pincement au coeur vint briser ma neutralité, tandis que je m' apprêtais déjà à me déconnecter. Je finis par fermer la fenêtre sans pour autant quitter MSN afin d' aller voir mes e-mails. Aden m' avait répondu avant d' aller en cours. J' avais la nette impression de découvrir une autre parcelle de la personnalité désagréable du jeune Becker. Il semblait réellement se soucier de mon absence et je devais admettre le fait que j' étais un minimum touchée même si ça ne retirait pas pour autant la haine que j' éprouvais à son égard. Je relus plusieurs fois le message puis finalement supprimai tous les messages de ma boîte e-mails. Je rouvris ma page MSN, attendant inconsciemment qu' un des garçons viennent entamer la conversation. Aden s' en chargea en premier, timidement. Manière qui m' arracha un petit sourire empreint de sadisme. L' habitude. Je pris quelques minutes avant de me jeter à l' eau.

~ b e l l a; loves them dit: Oué. Sans souci, et toi les cours ?

Il me paraissait plutôt sympa pour l' instant, alors pourquoi pas ? Je poursuivais la conversation puis Adonis vint enfin à ma rencontre, sauf que je ne décelais aucune once de timidité dans ses paroles.

adonis en manque de sa vie* dit: C quand q'tu reviens ? Tu m'manques trop, je supporte plus du tout ton absence..

~ b e l l a; loves them dit: Adonis...(u)

adonis en manque de sa vie* dit: Je t' aime. (l)

~ b e l l a; loves them dit: Moi aussi..